Le cheval est un animal social qui vit avec ses congénères. C’est une stratégie qui lui permettait de mieux survivre il y a bien longtemps et de ce fait, aujourd’hui encore les contacts sociaux restent très importants pour lui. S’il a la possibilité de vivre en groupe, il y entretient des relations sociales fortes. Déjà évoquées dans de précédents articles, nous vous proposons cette fois-ci de découvrir un peu plus en détails les relations sociales du cheval et les réseaux sociaux qui se forment au sein des groupes.

Des relations sociales bien organisées

Lors de la formation d’un groupe social, les chevaux se rencontrent et interagissent entre eux. Au fur et à mesure du temps et par la répétition des interactions, ils créent des relations. On classe ces relations en deux grandes catégories : les relations de dominance, nées d’une succession d’interactions négatives et les relations d’affinités, nées d’une succession d’interactions positives. La dominance entre deux chevaux se met en place à l’issue de conflits où l’on peut dire, pour simplifier les choses, qu’il y a un gagnant et un perdant.

Au fil des interactions, cette relation se stabilise et un cheval devient dominant sur l’autre. Les affinités, que l’on peut comparer à des relations d’amitié, se développent à travers des comportements comme le toilettage mutuel et peuvent s’observer par une grande proximité entre deux individus. Chaque cheval a une relation particulière de dominance et d’affinité avec chacun de ses congénères. A l’échelle du groupe, l’ensemble de ces relations sociales forment des réseaux de dominance et d’affinités.

organisation sociale d'un groupe de chevaux

La notion de sociogramme

Pour visualiser ces réseaux, on peut avoir recours à des sociogrammes. Ce sont des représentations graphiques sur lesquelles chaque cheval est représenté par un cercle appelé « nœud ». La relation entre deux chevaux est symbolisée par un trait qui relie leurs deux nœuds. La taille du nœud peut varier selon l’importance qu’a le cheval en question dans le réseau. L’épaisseur du trait peut elle aussi varier selon la force de la relation entre les deux individus.

Sur l’image ci-après se trouve un exemple de réseau d’affinités. Les cercles violets, plus larges que les autres, représentent des chevaux dit « centraux » ce qui signifie qu’ils partagent des relations affiliatives avec de nombreux membres du groupe. Les chevaux les plus centraux sont ceux qui ont le plus d’amis. Ceux qui ont peu de relations affiliatives sont appelés « périphériques ». Pour construire et schématiser ces réseaux, il faut observer le groupe pendant de longues heures. Dans le cadre de projets de recherche, on mesure la proximité des individus entre eux pour déterminer les relations d’affinités et on comptabilise le nombre d’interactions agressives pour déterminer les relations de dominance.

Sociogramme

Pourquoi s’intéresser aux réseaux sociaux entre les chevaux?

L’intérêt pour cette thématique est relativement récent en éthologie, ce qui explique que peu de bibliographie soit disponible sur le sujet. Néanmoins, les recherches effectuées ces dernières années apportent déjà des éléments intéressants, notamment sur le rôle des affinités dans le groupe. Souvent sous-estimées, ces relations sociales joueraient un rôle très important dans certains phénomènes sociaux comme les déplacements collectifs. Pour les éthologues, étudier l’organisation sociale du cheval permet de mieux comprendre son fonctionnement collectif, la façon dont il se déplace et utilise son environnement.

Ces connaissances sont utiles aussi pour les passionnés de chevaux! Sans passer par une prise de données rigoureuses, il est tout à fait possible d’observer régulièrement un groupe pour tenter de comprendre son organisation, comment est composée la hiérarchie du groupe ? Quel cheval est le plus dominant ? Est-ce que certains membres paraissent centraux ? D’autres plutôt périphériques ? Toutes ces informations vous aideront à mieux connaître vos chevaux et leur fonctionnement en groupe, ce qui peut également vous guider dans l’aménagement de leur espace de vie.

doctorante éthologie, Anna Flamand

À propos de l’auteur : Anna Flamand

Anna Flamand est éthologue ingénieure d’étude en éthologie depuis plusieurs années au CNRS de Strasbourg dans l’équipe de NeuroEthologie et Cognition Sociale. Elle mène des projets portant essentiellement sur le bien-être social des chevaux. Après avoir dispensé des cours sur le comportement pendant une année à Avenches, elle se consacre, avec HORSE STOP®, à un nouveau projet de recherche portant sur l’intégration de la socialité du cheval dans les infrastructures équestres.

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