Le cheval est un animal social et si vous avez fait le choix de mettre vos chevaux ensemble, c’est que vous êtes bien conscient que cet aspect est primordial pour l’espèce. Pour autant, il n’est pas forcément évident d’obtenir un groupe harmonieux. Que faut-il savoir avant de franchir le pas ? Et à quoi faut-il être attentif ?

Revenons d’abord au cas du cheval en conditions naturelles pour bien comprendre à quoi ressemble un groupe social sans notre intervention humaine.

Quelques notions sur le comportement social en éthologie

La stratégie du cheval pour améliorer sa survie face aux prédateurs est de vivre en groupe. Bien que la prédation ne soit plus réellement le danger qui menace le plus les chevaux que nous connaissons aujourd’hui, le caractère social de l’espèce garde une importance fondamentale. Le fonctionnement du cheval est tourné dans ce sens, il a ainsi développé un système complexe pour communiquer et synchroniser ses activités avec ses congénères.

L’organisation du groupe suit généralement un schéma familial au sein duquel les relations sont stables : la composition change très peu, les membres se connaissent et se côtoient pendant des années. Tout au long de sa vie, le cheval va donc être entouré de congénères avec lesquels il formera des relations de longue durée.

Connaissances éthologiques à avoir pour bien mettre ses chevaux en groupe

Le rôle majeur des affinités pour des chevaux en groupe

Au sein des groupes sociaux, des relations privilégiées s’établissent entre certains individus, on parle de relations d’affinité. Ces relations fortes se manifestent par une grande proximité ou des contacts directs comme, par exemple, des toilettages mutuels lors desquels les chevaux se grattent l’un l’autre tête bêche. Des recherches récentes sur le comportement social du cheval ont mis en évidence l’existence d’un lien entre le tempérament et les affinités. Plus précisément, il a été montré que les chevaux ayant un caractère similaire seraient plus susceptibles de bien s’entendre.

Ce que l’on peut retenir de ces différents points c’est qu’il y a une notion de stabilité dans la composition et l’organisation des chevaux en groupe. Une fois mises en place, les relations sociales évoluent peu. A l’inverse, dans un groupe où les changements de composition sont fréquents, les relations sociales risquent d’être instables et plus fragiles.

Un autre élément important réside dans les affinités des chevaux entre eux. Dans chaque groupe, un cheval devrait pouvoir trouver au moins un partenaire privilégié. Plus les chevaux auront tendance à avoir de nombreuses bonnes relations dans un groupe, plus ce groupe sera cohésif.

Conseils pour observer vos chevaux en groupe :

Restez objectif !

C’est un point essentiel mais aussi l’un des plus compliqués à appliquer, surtout lorsque l’on fréquente le monde du cheval depuis longtemps. Il faut alors faire l’effort de prendre du recul et d’essayer d’observer les chevaux dans le groupe avec un œil nouveau, en décrivant simplement ce que vous voyez sans leur prêter d’intentions.

Repérez les signes d’un mal-être

Lorsque l’on met en contact des chevaux pour la première fois, la situation peut s’avérer délicate. La hiérarchie se met en place et les interactions peuvent être relativement agressives, causant parfois des blessures superficielles le temps que les relations de dominance se stabilisent. C’est une période temporaire qui peut sembler longue et pendant laquelle il faut bien surveiller chaque cheval. Si l’un d’eux n’a pas accès aux ressources (nourriture, points d’eau et zones de repos), maigrit fortement ou se fait sans cesse chasser par les membres du groupe sans que cette situation ne s’améliore au cours du temps (dans certains cas l’intégration au groupe est plus longue que d’autres), il faudra penser à modifier l’environnement et/ou la composition du groupe.

Pour conclure…

Les chevaux sont adaptés à la vie en groupe, ils savent communiquer et s’organiser sans notre aide. Néanmoins, la composition naturelle du groupe repose sur un schéma familial basé sur des liens durables ce qui n’est pas le cas lorsque nous composons nous-même un groupe. Pour favoriser un bon fonctionnement social, il peut être utile de sélectionner des chevaux de même caractère (à l’aide de tests de tempérament, par exemple) ou qui s’entendent déjà bien et éviter les changements de congénères trop fréquents. Il est important de savoir que des tensions pourront exister lors de la formation du groupe mais celles-ci devraient très vite disparaître. L’observation quotidienne de vos chevaux vous permettra de détecter si une situation stressante persiste pour l’un des membres et s’il faut intervenir.

doctorante éthologie, Anna Flamand

À propos de l’auteur : Anna Flamand

Éthologue ingénieure d’étude en éthologie depuis plusieurs années au CNRS de Strasbourg dans l’équipe de NeuroEthologie et Cognition Sociale, elle mène des projets portant essentiellement sur le bien-être social des chevaux. Après avoir dispensé des cours sur le comportement pendant une année à Avenches, elle se consacre, avec HORSE STOP®, à un nouveau projet de recherche portant sur l’intégration de la socialité du cheval dans les infrastructures équestres.

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